L’épisode spécial : valeur(s) de l’exception
Résumé
Une question travaille de façon récurrente les études sur les séries télévisées , dont le développement s’impose comme un trait marquant des évolutions académiques depuis une décennie : où est l’œuvre ? où est « l’unité signifiante », puisque c’est ce qu’on entend par « œuvre », suivant une doxa aristotélicienne constamment mise à jour mais toujours prégnante ?
Cette unité-œuvre donc est-elle constituée par la saison, dès lors que les équipes (producteurs, scénaristes, casting) organisent le travail et la narration en prenant en compte au mieux cette durée-là, en fonction des contrats de grille ? Est-ce que l’œuvre, c’est la série elle-même, l’ensemble entier une fois achevé, comme le veut la norme pour les ensembles romanesques des siècles précédents, comme le propose par exemple Stéphane Benassi sur le cas de la télévision ? Ou bien encore, chaque épisode ne pourrait-il pas mériter ce statut, comme tend à le montrer le caractère fructueux d’articles « monographiques » approfondissant l’étude d’un épisode unique ?
C’est sur cette dernière possibilité que je propose de rapidement m’arrêter dans cet article, qui s’inscrit dans le cadre de mes travaux sur les unités multiples et œuvres composées . L’angle choisi pour aborder cette vaste question du statut de l’épisode, celui des épisodes « spéciaux », explicitement dégagés de la masse, sera volontairement étroit et spécifique. Nous en proposerons d’abord un classement en guide de définition. Puis nous analyserons la réception spécifique dont ils font l’objet : par l’écart qu’ils creusent par rapport à une norme, cette étude de réception nous fournira la matière d’une réflexion métacritique plus large sur la « spécialisation » en cours des études sérielles.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)