Pierre Jean Jouve et l'amour propre : entre emprise et libération (1925-1935)
Abstract
Grand admirateur de saint Augustin, Pierre Jean Jouve s’est réclamé à plusieurs reprises des théories de l’évêque d’Hippone. La conception de l’amor sui, notamment, et son opposition à l’amor dei, se retrouvent sous la plume jouvienne, plus spécifiquement dans le cycle romanesque allant de Paulina 1880 à La Scène capitale. Ainsi, le dualisme entre les deux sentiments s’érige en ressort narratif et retient toute l’attention du lecteur. Dans une optique similaire, l’amor sui est un attribut indispensable à la construction des personnages. Sous ces derniers se dessine progressivement une projection de l’auteur : Pierre Jean Jouve élève ses protagonistes au rang d’« ego expérimental » et espère, à travers eux, trouver la voie menant à Dieu. Après s’être heurté, à son tour, à l’écueil de l’amor sui, l’écrivain atteint son objectif et peut enfin se tourner pleinement vers les sphères sacrées.