La gourmandise, une passion de l'enfance ?
Abstract
La gourmandise figure en bonne place dans le conte moral adressé à la jeunesse car ce défaut présente l’avantage d’être le plus proche de l’enfance et de soutenir un discours sur le contrôle de soi. Mais pour en montrer les méfaits, les auteurs sont amenés à inventer des situations souvent saugrenues ou à évoquer avec complaisance des matières peu ragoûtantes. Ces dérangements intestinaux semblent une punition suffisante pour les enfants de bonne famille, alors que la gourmandise est plus grave pour l’enfant pauvre, invité à la sobriété. Celle-ci n’est pas de mise dans l’oeuvre de la comtesse de Ségur où les déconvenues de Sophie, en définitive traitées avec indulgence, voisinent avec des banquets pantagruéliques. Au fil du temps, la gourmandise perd son caractère de péché pour être associée à l’acte de lecture lui-même puisque tous ces petits gourmands ont droit à de beaux livres sur la gourmandise.