La petite fabrique des classiques : les processus de légitimation des œuvres
Abstract
En 1782, quand Berquin publie L’Ami des enfans, il le fait immédiatement suivre d’un Ami des adolescens. Il n’y a là qu’une sorte de variante : l’adolescent est un enfant un peu plus grand. On parlera de littérature enfantine ou d’enfance, non de littérature adolescente, formule du reste équivoque : en janvier 1826 le Journal des savants, publié par l’Académie des inscriptions et Belles Lettres, désigne la littérature romantique comme « adolescente, libre et vivace », face au genre classique « expirant ». Ici, l’adjectif « adolescent » ne caractérise pas le destinataire mais l’allure même des œuvres, ambiguïté que l’on retrouve de nos jours.