Variations autour de la greffe : science et littérature aux XIXe et XXe siècles
Résumé
La greffe est, aux XVIIIe et XIXe siècles, le point de rencontre, souvent polémique, des discours pratiques, littéraires et savants ; les oppositions entre ceux qui décrivent avec éloquence les récits de greffe ou réécrivent les récits antiques, ceux qui pratiquent l’opération et ceux qui entendent faire de la greffe un outil au service des théories physiologistes, sont les lieux où s’articulent, pour mieux se définir les uns par rapport aux autres, la pratique horticole, le discours scientifique et le récit littéraire. La période, très large, que l’on pourrait décrire comme celle où les savants entendent arracher la greffe aux discours des jardiniers ou des écrivains pour en faire un objet proprement savant est aussi celle où en France comme en Europe se définit la « littérature » comme une pratique et une discipline à part. De cette coïncidence découle l’idée que le traitement savant réservé aux récits de greffe révèlerait la manière dont discours savant et discours littéraire se définissent l’un par rapport à l’autre. Plus exactement, l’analyse des corpus de récits de greffe usités par les savants et les écrivains ne peut se faire sans une réflexion sur l’identité de nature entre les discours des deux sphères, sur leur concurrence possible dans le domaine de la connaissance savante, sur la nature même du mode et du type de connaissance induit par l’usage d’un texte littéraire ou savant.
Domaines
Littératures
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)