, dos blessé semble insurmontable : « Je suis à bout, Saphira. Pareil à un vieux cheval qui aurait labouré trop de champs, vol.38

, Cette évolution centrale, cette croissance « à marche forcée » du héros, se trouve en outre reflétée et démultipliée par les équivalents qu'elle trouve dans les métamorphoses d'autres jeunes personnages : la dragonne Saphira double véritablement son maître de ce

. Ibid, 285 : « son visage avait changé depuis qu'il avait fui Carvahall, il n'y avait pourtant pas si longtemps. Plus de joues rebondies : le voyage, les privations, l'entraînement physique les avaient fait fondre. Ses pommettes étaient plus saillantes, et les contours de sa mâchoire étaient plus prononcés. Il y avait une légère marque autour de ses yeux qui

. L'aîné, Bien qu'il ait su que la chose arriverait (?) sa réalité l'emplissait de perplexité. Le fait de n'avoir aucune prise sur ses transformations physiques le contrariait ; en même temps, il était curieux de voir jusqu'où cela irait. De plus, Je parais plus vieux, vieux et usé, p.351

. Ibid, 567 : « le visage lisse et les hautes pommettes des elfes ; ses oreilles étaient pointues, ses yeux fendus comme les leurs ; sa peau avait la couleur de l'albâtre et irradiait un éclat magique

. L'aîné, , p.446

, comme dans une moindre mesure, dans le second volume, les « aînés » d'Eragon, celui qu'il considère comme son frère, son cousin Roran, et celui qui se révèle l'être, Murtagh. Une construction où alternent les chapitres consacrés aux deux héros nous permet de suivre tout le parcours de Roran, qui devient le leader charismatique de sa communauté qu'il entraîne pour son salut dans un périlleux périple. Comme Eragon, il ne peut qu'affirmer qu'il n'a pas eu le choix quand il peine à reconnaître sa propre image, et son changement de statut s'accompagne également d'une nouvelle identité, depuis l'éclosion de son oeuf à sa maîtrise du jet de flammes et à son expérience de l'amour non payé de retour (relevons simplement que les dragons n'arrêtent jamais de grandir !), p.487

, de la conscience qu'on ne gagne que pour autant que l'on sacrifie, d'une sagesse trop grande pour eux. Ils semblent dès lors exemplaires des préadolescents d'aujourd'hui, qui ont fait le triomphe de nos trois ensembles romanesques, dont les observateurs de tendance disent qu'ils « grandissent petits » (c'est le sens du sigle KGOY, « kids grow old younger ») : ils connaissent l'incertitude et l'instabilité du monde et y font face, Au total, un panel très frappant d'enfants marqués, destinés, enfants-rois vraiment -on peut y ajouter les deux jeunes souverains des Vardens et du Surda : à la fois accablés et couronnés des plus hautes responsabilités

C. Paolini, une véritable campagne de lancement assurant le prodigieux succès d'Eragon, en est également représentatif, ainsi que son ouvrage qui, pour être dans cet ordre une véritable réussite, n'en est pas moins, dans son intégralité, « nourri » d'éléments repris ailleurs. Mais précisément, peut-être est-ce là une autre façon de nuancer une dernière fois désir et obligation de grandir : on cherche à le faire en renouvelant de vieilles histoires, en s'évadant, toujours, vers d'autres mondes ; on rêve de grandir sans grandir, en préservant ses refuges