De la série au cycle, de la suspension du temps au reflet de son passage. La double contrainte en littérature jeunesse : l'exemple des ensembles romanesques
Abstract
Le Club des Cinq hier, Harry Potter aujourd'hui : toujours il s'agit d'ensembles romanesques, groupements de volumes reliés par le retour d'au moins un nom propre, et en général par des récurrences beaucoup plus massives. Ils doivent préserver un équilibre, entre cette part de répétition statique et une évolution, une progression, qui maintienne l'intérêt pour la succession des volumes. En cela, ils nous ont semblé figurer comme une représentation, au niveau des macro-structures fictionnelles, de la problématique générale qui se poserait à travers la littérature jeunesse : grandir, ne pas grandir ? Les auteurs trouveraient là un outil par lequel doser finement leurs injonctions, et les lecteurs des modèles, historiquement variables et variés, de constructions de l'identité dans le temps. Dans la seconde moitié du XX e siècle et alors que la littérature jeunesse entrait dans l'ère de la grande diffusion, ont été proposés aux petits lecteurs deux types de réponses à leur double attente de reconnaissance optimale et de variations minimales. On peut en effet distinguer deux types d'ensembles romanesques en fonction d'un critère principal, celui de la prise en compte du passage du temps, ou au contraire de son effacement au profit d'une éternelle répétition. La série correspond à ce dernier cas de figure : elle donne encore ce qui a déjà plu, car la progression chronologique y est miraculeusement suspendue au profit du retour, inchangé, des mêmes personnages dans de nouvelles aventures ; le cycle, en revanche, donne davantage de ce qui a déjà plu, car la succession des volumes y épouse l'avancée de la chronologie.
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